Répartition des sièges aux législatives béninoises de 2023 :
analyse statistique de l’impact du nouveau seuil électoral de 20 % (Code électoral 2024) et enjeux pour les élections de 2026
Auteur : Hossou C. Zounffa, M.A. (Mai 2025)
Mots-clés : Élections législatives générales ; Seuil de 10% et de 20% ; UPR ; BR ; LD ; Tentative de révision constitutionnelle ; Année électorale 2026 ; Assemblée nationale ; Accord de coalition ; Code électoral
RÉSUMÉ
Objectif
Cette étude vise à évaluer l'impact potentiel du seuil électoral révisé de 20 %, stipulé par l'article 146 du Code électoral de mars 2024, sur la répartition des sièges et la représentation des partis politiques à l'Assemblée nationale du Bénin, en utilisant les résultats des élections législatives de 2023 comme référence.
Méthodes
L'étude analyse les résultats électoraux officiels des élections législatives béninoises de 2023, fournis par la Commission Électorale Nationale Autonome (CENA) et confirmés par la Cour Constitutionnelle. L'analyse statistique a été réalisée dans le logiciel R (version 4.4.0) afin de calculer des indicateurs clés tels que les scores cumulés des partis pro-gouvernementaux (UPR1 + BR2), les performances individuelles du parti d’opposition Les Démocrates (LD3), et les scores potentiels d’une coalition LD avec d’autres petits partis d’opposition et de la mouvance: MB4, FCBE5, MPL6, UDBN7.
1 UPR : Union Progressiste Le Renouveau
2 BR : Bloc Républicain
3 LD : Les Démocrates
4 MB (MOELE-BÉNIN) : Mouvement des Élites Engagés pour l’Émancipation du Bénin
5 FCBE : Forces Cauris pour un Bénin Émergent
6 MPL : Mouvement Populaire de Libération
7 UDBN : Union Démocratique pour un Bénin Nouveau
Résultats
L'analyse révèle une domination substantielle de la coalition présidentielle (UPR + BR), dépassant 60 % dans la majorité des circonscriptions et atteignant même 80–90 % dans certaines (notamment les circonscriptions 3, 11, 23 et 24). LD a indépendamment dépassé le seuil de 20 % dans 14 circonscriptions. Dans six circonscriptions supplémentaires, LD seule n’atteignait pas le seuil, mais l’addition des voix avec celles des petits partis d'opposition permettait de franchir le seuil de 20 %, autorisant une représentation de l’opposition dans 20 circonscriptions au total. Cependant, quatre circonscriptions restent totalement inaccessibles à toute représentation de l’opposition, soulignant ainsi que le parti LD, même en coalition avec tous les autres partis ayant participé aux élections de 2023, y compris ceux soutenant la mouvance présidentielle, à l’exception de BR et UPR, ne pourra pas lever de sièges lors des élections de 2026 et sera donc exclu de facto de l’Assemblée Nationale.
Conclusion
Les résultats statistiques confirment un avantage structurel pour les partis pro-gouvernementaux sous le nouveau seuil électoral de 20 %, limitant considérablement la représentation de l’opposition. Cette concentration pose des enjeux critiques concernant l'équilibre institutionnel et l'inclusivité démocratique, risquant d'aboutir à une domination parlementaire par un petit nombre de partis alignés et augmentant le risque d'hyper-présidentialisme. Pour préserver la légitimité démocratique et la stabilité en vue des élections de 2026, l’étude recommande une révision du seuil électoral à travers un dialogue multipartite inclusif, introduisant des mécanismes destinés à rétablir une représentation politique plus équitable.
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